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I.Un croisement entre un héritage culturel et un mode de vie issu de la rue

Publié par Adrien Mathilde Jimmy Tomàs

Les origines:

A l'origine, le rap est étroitement lié aux musiques afro-américaines du XXème siècle.En effet, on peut le relier aux talk-over (raconter son quotidien sur des percussions) que pratiquaient les esclaves noirs d'Etats-Unis .Ce genre de chants a notamment donner naissance au jazz , au rock et enfin au rap.

C'est en 1930 qu'un embryon de rap commence à se développer par l'intermédiaire des "spoken words". Des discours sur la négritude, clamés sur des percussions (évolution des talks-over). Le groupe le plus célèbre étant le Golden Gate Quartet, un groupe religieux qui s'est produit dans le monde entier et qui était l'un des piliers de la musique noire avec notamment le morceau Preacher and the Bear.

Le spoken-words est pratiqué jusqu'au années 1970 par des groupes comme The Last Poets ou Gil Scott Heron, ces derniers remplaçants plus ou moins les leaders de groupes pro-noir assassinés comme Malcolm X ou Martin Luther King. En 1973, DJ Kool Herc donne naissance au hip-hop avec les " Block Parties " : vers la fin des années 1970, les habitants des ghettos noirs de New York se réunissent en pleine rue pour festoyer en buvant avec leurs voisins. Le principe est assez simple, on ferme les deux cotés d'une rue , on branche éclairages et sonos et on met en place un service de sécurité pour que les habitants du quartier puissent profiter de la fête . Outre le fait d’être une sorte de fête des voisins version new-yorkaises, les "Blocks Parties" ont pour caractéristique d’être LE lieu de naissance du mouvement culturel Hip Hop, avec un DJ (Disc Jokey ) pour le son et un MC (master of ceremony ) au micro pour l'animation. Pour faire vibrer les foules, le tempo des batteries est mis à nu, c'est l'avènement du break. Le M.C investit de ses paroles l'espace sonore libéré : peu à peu, des textes rimés remplacent les onomatopées et le verbe anglais to rap, signifiant « débiter vite, parler de manière accélérée », s'impose alors comme la meilleure définition de ce nouveau mode d'expression. La Zulu Nation d'Afrika Bambataa a d'ailleurs aussi popularisé les blocs parties, elle était la grande rivale de Kool Herc et ses deux MC. En 1979 le groupe Sugarhill Gang sort le morceau "Rapper's Delight", premier single à entre dans le Top 40 américain.

I.Un croisement entre un héritage culturel et un mode de vie issu de la rue

Avènement:

Au début des années 80, The GrandMaster Flash sort son morceau "the Messenger", soit le premier tube réellement hip-hop avec de la danse et des morceaux de DJ. De plus de nombreux groupes d'ethnies différentes se créés comme Run DMC, les créateurs du rap hardcore et premier "vrai" groupe de rap à connaître le succès, ou les Beasty Boys, chacun dénonçant le racisme et prouvant que le rap n'est pas réservé qu'aux noirs ou aux pauvres. Néanmoins, ce milieu reste très compétitif et la guerre des crews (groupe) de New-York, soit l'affrontement par chanson interposée entre plusieurs groupes de rappeurs, l'empêche de réellement se développer et le condamne à rester localisé.

Les premières stars du rap

Les premières stars du rap

On peut citer comme grands épisodes de cette "guerre" la Bridge War, soit la série d'affrontements verbaux entre le Juice Crew du producteur Marley Marl, venant du Queens, et la South Bronx Boogie Down Productions (BDP) du rappeur KRS-One, issu du Bronx. Tout commence lorsqu'en 1985, le Juice Crew sort le morceau "The Bridge" qui laisserait sous-entendre que c'est dans le Queens que le hip-hop serait né (MC Shan explique en 2003 que cela était totalement faux). En 1986, le groupe de KRS-One leur répond en interrompant leur concert avec un morceau qui les attaque violemment : "South Bronx" qui explique que le hip-hop est né dans le Bronx et que si le Juice Crew chante Bridge dans leur quartier, ils mourraient. Le Juice Crew répond quelques mois plus tard, en 1987, avec le single "Kill that Noise" qui accuse KRS-One d'avoir sciemment sur-interpréter leurs paroles pour se faire un nom et se moque de son attaque. Peut de temps après, l'un des membres du groupe, Scott La Rock, meurt par balles. Pourtant, MC Shan, le leader du Juice Crew ressort un single nommé "Juice Crew Law" contenant quelques attaques envers la façon de se comporter de KRS-One. Ce dernier répond immédiatement avec un morceau mémorable "The Bridge is over". Quelques rappeurs vont alors s'allier à la BDP pour sortir deux singles : "Juice Crew Dis" et "Brooklyn Blew Up the Bridge, South Bronx Helped us out". Malgré une réponse du rappeur Butchy B avec "Go Magic" en 1988, le Juice Crew perd la Bridge War et la BDP se permet même d'enfoncer le clou avec "My Philosophy".

On retient finalement de cet épisode du rap que c'est lui qui va faire que beaucoup de producteurs vont comprendre l'intérêt de cette musique de rue. Faire s'affronter des bandes crée de l'engouement populaire et donc des ventes d'albums. Le gangsta rap se crée juste après, héritage direct de ces guerres de crews.

I.Un croisement entre un héritage culturel et un mode de vie issu de la rue

Age d'or:

L'âge d'or du rap vient juste après la fin de ces guerres de crews, au début des années 1990. A New-York, des duos composés de MC et de DJ font fureur, on peut citer Gang Starr (DJ Premier et Guru) avec "Words I Manifest" ainsi que Pete Rock & CL Smooth avec "They Reminisce Over You" ou encore les deux adolescents qui font fureur à l'époque Eric-B et Rakim avec "Follow The Leader". Ces duos sont le plus souvent assez funky

Parallèlement se développe un nouveau style en Californie : Le "Gangsta Rap". Ce nouveau dérivé de rap est inspiré par la NWA (Nigaz Wit Attitude), groupe composé de Dr. Dre, Arabian Prince, Ice Cube, Eazy-E, MC Ren et DJ Yella. Ils sont tous originaires de la banlieue de Los Angeles Campton et apportent au rap de nouveaux thèmes qui ne sont plus dénoncés mais glorifiés. On fait la fête en parlant de réussite financière basée sur des activités illégales (trafic de drogues, vols...) tout en faisant l'apologie de la femme objet et des grosses voitures (pour bien caricaturer). La NWA lancent une nouvelle mode, le fait de se revendiquer membre de gangs. Ce groupe va inspirer de très nombreux rappeurs entre 1986 et 1991. Los Angeles et la côte ouest en général vont alors dominer le hip-hop tout le long des années 1990 avec ce gangsta rap très populaire chez les jeunes. Beaucoup de rappeurs américains aujourd'hui mythiques sont issus de cette vague : 2Pac avec "Thug Life", Dr. Dre en solo avec "Nigga Witta Gun", Snoop Dogg avec "Who Am I (What's My Name) ?", ou encore le groupe Tha Dogg Pound avec "Let's PLay House". Malgré tout, le rap de la côte-est, autrefois leader, essaie de concurrencer ce nouveau rap avec des artistes comme Nas avec "NY State of Mind", le Wu Tang Clan avec "C.R.E.A.M", Mob Deep avec "Shook Ones. Pt.II" ou encore Notorious Big avec "Juicy", tous continuant de pratiquer leur rap plus funky et moins violent. Finalement, c'est Puff Daddy qui permet au rap new-yorkais east-coast de se rehausser au niveau avec le titre dédié à Notorious Big, assassiné à Los Angles, "I'll Be Missing You" tiré de son album "No Way Out", sept fois disques de platine.

Si les années 1990 voient le rap devenir l'une des musiques les plus populaires des Etat-Unis, cet Age d'or se finit de manière assez tragique. En effet la rivalité East-Coast/West-Coast n'était pas qu'uniquement musicale, une guerre d'ego et d'influence se mène durant toute cette période. Notamment entre 2pac et The Notorious Big, motivée en grande partie par des producteurs voyant là une opportunité de faire du profit autour de cette histoire qui entraîne bien évidemment le fanatisme de nombreux fans. Malheureusement c'est la mort de Tupac et de The Notorious Big fin 96/début 97 qui vont mettre un terme à ces rivalités, deux assassinats qui vont choquer le monde entier.

I.Un croisement entre un héritage culturel et un mode de vie issu de la rue

Le rap aujourd'hui :

Internet a profondément changé l'industrie du rap, de même que son arrivée a bouleversé le monde entier. Aux débuts des années 2000 et malgré la mort de deux de ses plus grands représentants, le rap reste la musique la plus populaire au monde chez les jeunes et sa pratique se démocratise. Eminem est un rappeur blanc et son album "The Marshall Mathers LP" est un succès mondial, devenant l'album avec le meilleur démarrage aux niveaux ventes de tout les temps. Là où Internet change la donne, c'est qu'au départ, le téléchargement massif empêche les artistes de vendre leurs albums et de se faire connaître. Les DJ lancent donc la mode des MixTapes, Street-Tapes et autre Street-Album, soit des sous-albums écoutables le plus souvent gratuitement et largement diffusés sur les réseaux sociaux pour justement donner envie d'acheter l'album officiel tout en permettant de lancer de jeunes rappeurs en featuring. Le rap peut être alors pratiqué par n'importe qui et se propage dans le monde entier. Par exemple en France, où cette musique est déjà très populaire depuis la fin des années 90 grâce aux groupes NTM ou Iam. On en trouve aussi en Afrique, sous influence très forte du style français et dans le reste de l'Europe à degré moindre, même l'Asie s'y met petit à petit. En 2015, le rap est désormais rentré dans les moeurs et, alors que tous les jeunes l'écoutent, il est contesté par de nombreuses personnes, même par ses propres pratiquants. Il aurait trop perdu de son message originel. Les producteurs ont la main mise sur toutes les sorties et tout est calculé pour gagner un maximum d'argent avec des albums atteignant systématiquement le disque d'or (500 000 exemplaires vendus). Pour beaucoup, cette musique est en perdition et ne fait plus qu'abrutir les jeunes avec la redondance de thèmes démagogiques ou faussement rebelles doublés d'une qualité d'écriture et musicale de plus en plus douteuse. Le rap sensé déranger serait donc devenue de la banale musque industrielle grand public représentée par des artistes tous fondés sur la même formule américaine de 50 Cent ou Booba dérivée à l'infini en Kaaris, Fababi, Drake et consort.

Sources :

Vice.com, wikipédia.org, theatresendracenie.com, genius.com, des interviews d'Olivier Cachin